Le label French Tech pour l’Alsace et maintenant ?

26Oct15

Écosystème des forêts humides

Le pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse a donc obtenu le label French Tech le 24 juin 2015, avec une spécialité MedTech.

Pour rappel, et comme cela est rappelé sur le site officiel, la French Tech désigne tous les acteurs de l’écosystème de startups français. C’est aussi une politique publique innovante à travers l’Initiative French Tech au service de ce collectif et de la croissance des startups. J’avais d’ailleurs écris quelques slides pour expliquer “C’est quoi la French Tech”.

On parle donc bien de startups, de leur croissance et de leur écosystème. Je préfère donc souligner que la French Tech ce n’est pas la digitalisation des entreprises. Enfin pas directement. S’il n’en est pas fait mention, c’est que L’État français espère que la digitalisation des entreprises se fera notamment par l’acquisition de startups.

Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d’échange d’énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie (Wikipedia). Dans le cadre des startups cela veut dire permettre la création de nouvelles startups, permettre leur croissance et, on l’oublie un peu en France, permettre leur mort.

Pour créer et faire croître des startups il faut des idées, des compétences et du capital. Et les conditions pour que tous ces éléments rentrent en synergie.

Je vais donc m’essayer à lister ce qui existe déjà et ce qu’on pourrait faire dans le futur pour améliorer la situation, à Strasbourg, et en Alsace d’une manière générale.

Des compétences et des idées

Si l’Université de Strasbourg délivre un certain bagage, j’aime bien penser que le premier savoir délivré par l’université c’est celui de nous apprendre à apprendre. Et c’est ce qui est fondamental dans le monde des startups : très peu de domaines  “startups” sont enseignés en cours. Il est donc important que les gens s’intéressent par eux-mêmes au sujet “startup” ou plus exactement qu’on les y intéresse. Ensuite, il faut mettre en pratique ces compétences et là il n’y a pas 15000 façons : il faut se jeter à l’eau 🙂 Et cela est d’autant plus important qu’il est (enfin) généralement admis que ce n’est pas l’idée qui est importante, c’est son exécution. Et être bon en exécution est un art qui se cultive.

Grâce aux divers hackathons (Hacking Health Camp, Hacking Industry  Camp, Hackathon e-Citoyen) ou dans une certaine mesure au travers du programme Tango & Scan (mais j’y reviendrai plus tard) de en plus de personnes sont incitées à la réalisation de MVP (Minimal Viable Product), dans un délai court qui plus est ! Et, évidemment, les différents Startup Weekend (Strasbourg et Mulhouse) permettent d’aller plus loin dans la vision business de son MVP (et en bonus ils permettent aussi de sortir de sa zone de confort !).

Ces différents événements permettent à la fois de cultiver sa capacité à exécuter une idée et à confronter son idée au marché. Oui, parce que, si la méthode Lean nous enseigne que les idées devraient provenir avant tout de l’interview d’un maximum de personnes pour découvrir quels sont leurs problèmes et comprendre si elles seraient prêtes à payer pour des services/produits qui résoudraient leurs problèmes (via la pré-vente), je constate que c’est un mode de pensée qui est encore peu répandu en France (mais je vois néanmoins de plus en plus de gens la mettre en pratique).

Du capital

Les startups ont besoin de capital tout au long de leur vie afin d’alimenter leur croissance. Lorsqu’elles sont jeunes, qu’elles exécutent leur idée et qu’elles ne génèrent pas d’argent (ou extrêmement peu), elles ont besoin d’une sorte de financement qu’on appelle l’amorçage.

Aujourd’hui, l’écosystème de startups strasbourgeois est en émergence. Cela signifie qu’il y a beaucoup de startups jeunes, qui ont donc besoin de capital d’amorçage.

Il existe depuis peu en Alsace un fond d’amorçage (Cap Innov’Est) pouvant mettre des tickets entre 200k€ et 1M€. Je ne peux que constater qu’on sent un frémissement grâce à ce seul fond. Mais les startups ont parfois besoin de démarrer par des tickets plus petits, aux alentours de 100k€ et moins. Ce sont des sommes qui sont habituellement apportées par des Business Angels. S’il existe Alsace Business Angels, on ne peut pas dire que le nombre de deals IT qu’ils génèrent soient significatifs. Mais j’attends avec impatience qu’ils me donnent tort. En effet, il nous faudrait beaucoup plus de BA (Business Angels) à Strasbourg et en Alsace afin de démarrer beaucoup plus de projets ! D’autant plus que ces “petits” tickets permettent souvent de faire effet de levier auprès des fonds dont je parlais précédemment.

L’état français a bien compris qu’il y avait un problème dans cette zone de financement. C’est pour cette raison qu’il a mis en place le Fond National d’Amorçage ou encore les PEPITE (tel que ETENA) et leurs statuts Etudiant-Entrepreneur qui aide à démarrer un projet avec un peu plus de sécurité, lorsqu’on est étudiant.

Quelques idées pour la suite

Si un programme d’accélération de startups n’a pas encore vu le jour à Strasbourg, c’est sans doute parce que c’est un projet complexe. En attendant, je vois plusieurs autres leviers plus simple à actionner.

Tango, Scan et… Startups

Pourquoi ne pas créer une troisième catégorie “Startup” à côté de Tango et Scan, de façon à pouvoir financer la preuve de concept d’une idée de startup ? Le montant habituellement mis en jeu dans ce programme correspond tout à fait au développement d’un prototype (au moins dans le monde du web/mobile). Et il serait d’ailleurs grand temps qu’on ait dans le coin des outils financiers du même type que ce que propose le Centre Francilien de l’Innovation.

Un lieu post-levée

Au travers des différentes actions menées par Alsace Digitale, notamment Strasbourg Startups, on voit bien que les relations inter-personnelles entre startupers et l’émulation joue un rôle important dans la “maturation” des startupers. Ceci passe par le partage d’expériences et d’apprentissages. Mais aussi, et on ne le perçoit pas forcément au premier abord, par le partage d’expérience et notamment des expériences difficiles sur le plan psychologiques (sachant qu’un moment difficile ça peut aller jusqu’au crash de sa boîte). Il est important de s’épauler dans ces moments là aussi.

Ainsi, créer un espace de travail pour des équipes startups accueillant leurs premiers salariés a du sens. Dans l’étape précédente de la vie de la startup (où la startup est constituée des seuls fondateurs), les multiples espaces de coworking strasbourgeois fournissent déjà un matériau adéquat. Mais il y a encore peu de lieux à Strasbourg qui permettent à des équipes de 3 à 15 personnes de se poser et de collaborer, et pour les lieux qui existent, les règles d’accès sont parfois obscures. Pour rappel, la seule condition d’accès à La Plage Digitale c’est de pouvoir payer son loyer. Bref, il manque un lieu physique, bien identifié, d’une certaine ampleur, pour les startups à Strasbourg. Et justement, le quartier COOP serait tout indiqué pour un tel lieu…

Renforcer la communauté de Business Angels

Pour être honnête, je n’ai pas d’idées précises pour augmenter le nombre de Business Angels en Alsace, mais peut-être est-ce un boulot pour les politiques ?

Conclusion

Comme vous l’aurez compris, l’écosystème de startups strasbourgeois est jeune et mature peu à peu. Et comme on dit chez Alsace Digitale, “on avance en marchant”. On s’attaque donc aux problématiques au fur et à mesure qu’elles se présentent. J’ai essayé dans ce billet d’aider à la réflexion sur ces sujets.



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