Les éditeurs de logiciels en France: Enjeux et perspectives de développement
Tel était donc le nom d’une “petite” conférence à laquelle j’ai été invité (j’en remercie encore mon bienfaiteur) et qui se déroulait aujourd’hui même au Pavillon Gabriel à Paris. Au passage, je viens de remarquer que, ni dans les différents mails de confirmation de l’organisme organisateur, ni sur place, n’étaient indiqué clairement l’initiateur de cet évènement. Cependant voici une petite liste des intervenants:
- François Loos, Ministre délégué à l’industrie
- Eric Archambeau, Associé-gérant, Wellington Partners
- Jean-Michel Aulas, Fondateur et Président de Cegid
- Bernard Charlès, Président Directeur Général de Dassault Systèmes
- Gilles Kahn, Président Directeur Général de l’INRIA
- Jamal Labed, Fondateur et Président de Staff & Line
- Bill Gates, Fondateur et Chief Software Architect de Microsoft
La question était donc de savoir si l’industrie du logiciel est encore viable (quoique la question n’a jamais été posé aussi clairement) et si, la France pouvait relever le défi de devenir un acteur mondial de premier rang de cette industrie. Et bien la réponse est oui, et encore oui. En gros, on se félicite et on positivise.
Evidemment, ce qui m’intéressait le plus, c’était de savoir quelle place allait avoir le Logiciel Libre dans ce cadre.
François Loos n’a fait que mentionner le Logiciel Libre, tandis que Jamal Labed a tenu à rappeler à l’assistance quelques idées reçues, et notamment de nous rappeler que le Logiciel Libre n’est qu’une nouvelle façon de commercialiser du logiciel (c’est un peu réducteur mais, fallait-il le rappeler?). Tout cela était donc un peu folklorique vis-à-vis du Logiciel Libre. D’autant plus que d’après moi, l’industrie du logiciel en France a tout à gagner à intégrer de manière plus efficace le Logiciel Libre. Mais le ton de la conférence est devenu beaucoup plus explicite lorsque le PDG de Dassault Systèmes nous a affirmé qu’on s’était bien planté avec l’histoire des Brevets Logiciels, et qu’il fallait que les pouvoirs publics réagissent. Ceux qui me lisent, savent qu’il est très clair que breveter du logiciel revient à breveter une idée, et ça, j’espère que tout le monde est conscient que si cela arrive un jour, l’innovation et l’industrie du logiciel françaises seront alors verrouillées par les entreprises qui ont le plus de moyens: les très grandes entreprises françaises du secteur (Dassault Systèmes?) et surtout toutes les grandes entreprises étrangères (Microsoft?), tout cela au détriment bien sûr, du tissu de PME européennes (qui existe déjà et se développe) et du Logiciel Libre.
A côté de celà, j’ai bien aimé les interventions de Eric Archambeau, de Gilles Kahn et de Jamal Labed. Ils ont vraiment essayé de faire un état des lieux et de proposer des solutions. Enfin Gilles Kahn et Jamal Labed ont fait plutôt l’état des mieux, tandis que Eric Archambeau est allé plus loin en identifiant nos faiblesses à corriger. En comparant avec les Etats-Unis, en France:
- on est moins ambitieux
- on essaye de trop miser sur l’excellence technique et pas assez sur l’aspect commercial
- on ne s’appuie pas assez sur les VC et leur expérience pour se développer
Au final, je ne suis pas resté très longtemps, je ne me sentais pas vraiment dans mon élément, et tout ce beau monde semblait bien se connaitre (et je n’ai pas encore de business plan nécessitant l’intervention de VC). J’ai d’ailleurs reconnu Rodrigo Sepulveda et j’aurais bien voulu avoir son opinion sur le sujet des Logiciels Libres dans l’industrie du logiciel en France.
Pour ma part, je pense que le logiciel propriétaire, sous l’influence des nouveaux modèles économiques induits par le Logiciel Libre, va voir ses terrains d’application se réduire, jusqu’à se cantonner à des marchés de niche, et par la même c’est l’industrie du logiciel qui va devoir se transformer pour aller plus vers une économie ou le service est roi (ça ne vous rappelle pas l’histoire d’IBM?). D’ailleurs il semblerait que les SSII françaises en font leur affaire puisqu’elles intègrent de plus en plus du Logiciel Libre dans leurs développements. De même, est-ce que Google est une société de service ou un éditeur de logiciels? Ou un éditeur de logiciels qui servent surtout à asseoir ses activités de service?
Par ailleurs, il est intéressant de noter que Frédéric Couchet, délégué général de l’APRIL, avait vu juste concernant la tournure de cette conférence (voir aussi son billet sur l’AFDEL, l’Association française des éditeurs de logiciel).
UPDATE!
Lors de cette conférence, le PDG de l’INRIA nous a d’ailleurs mentionné le fait que l’INRIA venait de signer un partenariat avec Microsoft, afin de créer un laboratoire commun de recherche. Et Le Monde nous apprend que tout ceci se fera sous licence libre.
UPDATE2!
Quelques photos prises par Jacques Froissant de Altaide ici qui nous fait lui aussi un petit résumé de cette conférence.
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